Chrysis Read online

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  – J’apprends à écrire en français, parce que j’espère être publié ici et je ne fais pas confiance à un traducteur pour interpréter correctement mes vers.

  – Est-ce qu’il t’arrive d’écrire sur l’amour ?

  – Tous mes poèmes parlent d’amour. C’est le seul sujet intéressant pour un poète.

  – Tu veux bien m’en lire un ? »

  Casmir ouvrit le carnet qui était posé sur la table. « Je vais te lire celui que j’écrivais pendant que tu me dessinais. Il est très court… Il s’intitule : “La fille peintre me veut”.

  Elle me dessine avec ses yeux

  Ils parlent autant qu’ils voient

  Maintenant elle m’ouvre ses jambes

  Et je l’embrasse tendrement.

  Il leva les yeux et sourit à Chrysis.

  « C’est tout ? fit-elle. C’est le poème entier ? »

  Il haussa les épaules.

  « Peut-être. C’est tout ce que j’ai écrit jusqu’à maintenant. Ce n’est pas suffisant ?

  – Comment savais-tu que j’avais envie de toi ?

  – J’ai remarqué que tu es d’une grande curiosité sur ce genre de sujet, dit-il, mais tu manques de pratique. J’ai faim de soupe, tu as faim d’expériences sexuelles, à l’extrême. Est-ce que je me trompe ? »

  Il sourit et posa sa main sur son genou.

  « Non. Je veux tout savoir, tout explorer, éprouver toutes les sensations. Tu veux bien me montrer ? »

  Casmir s’agenouilla comme un suppliant devant Chrysis. Il ouvrit sa blouse, dénoua le cordon de son pantalon et le descendit le long de ses jambes. Il remonta de sa main légère le long de ses cuisses, les doigts à l’extérieur, les pouces caressant la peau douce à l’intérieur ; elle en eut la chair de poule, à cause du froid ou de l’excitation, elle ne le savait pas.

  « Tu ne portes pas de culotte, dit-il.

  – Je l’ai enlevée au Dôme, dit Chrysis. Je me suis dit que ce serait plus facile.

  – Quel âge as-tu ?

  – 18 ans, presque 19. Et toi ?

  – 24. Tu es une fille très audacieuse et, pourtant, c’est la première fois, n’est-ce pas ?

  – Oui.

  – Pourquoi as-tu attendu si longtemps ?

  – Jusqu’à une date récente, je vivais dans un couvent et, maintenant, je vis avec mes parents.

  – Et pourquoi tu ne le fais pas avec cet homme dont tu dis que tu es amoureuse ?

  – Il ne sait pas encore que nous sommes amoureux, dit-elle. Il ne sait même pas que j’existe. Peut-être que je ne le reverrai jamais. Mais si cela arrive, je veux être prête à le recevoir.

  – J’espère que tu ne le reverras jamais.

  – Pourquoi dis-tu cela ?

  – Parce que l’amour ressenti mais jamais consommé est le plus beau.

  – Pourquoi ?

  – Parce que alors, il survit comme un rêve, il ne meurt jamais, il n’est jamais déçu. Si tu ne revois jamais cet homme, une partie de toi l’aimera jusqu’à la fin de tes jours. Tu garderas toujours le souvenir d’un sentiment pur. L’amour concrétisé est rarement aussi durable. Si tu le revois, cela se terminera tristement. C’est presque toujours le cas. Il te quittera, ou tu le quitteras, et vous aurez mal, le cœur brisé, soit l’un soit l’autre, soit tous les deux. Voilà ce qu’est l’amour. J’ai écrit un poème là-dessus, un jour.

  – Il doit être épouvantable, ce poème. »

  Casmir la prit doucement par les hanches et l’attira contre lui. Il baissa la tête jusqu’à toucher le ventre de Chrysis, effleurant de ses lèvres le doux duvet de ses cuisses fuselées. Elle écarta les jambes pour recevoir sa langue.

  « Tu es née à côté de la mer, chuchota-t-il. Je sens le goût de la mer.

  – Oui… »

  Il la souleva et la porta jusqu’au lit, un mince matelas de paille recouvert de chanvre, sur lequel était étalé un épais édredon, garni de plume, en toile à matelas rayée rouge. Le lit était froid mais il se réchauffa rapidement. Chrysis ne savait pas si Casmir était un poète talentueux, mais il était un amant raffiné et doux, et il lui donna du plaisir dès la première fois, une sorte de plaisir qu’elle avait seulement imaginé dans ses fantasmes. Elle avait cru qu’il ne pouvait rien y avoir de plus extraordinaire que le monde intérieur de couleurs et de formes dans lequel elle vivait, le monde de son imagination d’artiste. Mais elle savait maintenant que s’ouvrait à elle tout un nouvel univers.

  VII

  Chrysis chercha partout l’homme qu’elle avait vu au Select. Elle y retourna, encore et encore, s’attendant chaque fois à l’y retrouver, mais son espoir fut toujours déçu. Elle alla dans tous les cafés, les bars, elle interrogea les gens. Il ne lui avait adressé que deux mots : « Non, merci », mais elle supposait, à son accent et à sa tenue, qu’il était américain. Elle commença à penser que c’était probablement un touriste ; Paris accueillait plus de visiteurs américains que jamais auparavant et, bien que la plupart d’entre eux prennent pension dans des hôtels de la rive droite, tous avaient entendu parler des artistes fous de Montparnasse et ils accouraient pour les voir. C’est ainsi que le quartier devint une sorte de destination touristique à part entière, un lieu que l’on ajoutait à sa liste de curiosités : le Louvre, Notre-Dame, la tour Eiffel et Montparnasse, ses bars, ses cafés et ses boîtes de nuit, où les visiteurs espéraient apercevoir des artistes vivants plutôt que de contempler les œuvres de maîtres disparus.

  Les semaines et les mois passèrent, le printemps revint et, dans le jardin du Luxembourg, les premiers bourgeons des platanes commencèrent à éclore. Chrysis avait renoncé à tout espoir de retrouver l’homme ; il avait dû rentrer en Amérique. Peut-être Casmir avait-il raison, peut-être était-ce la forme d’amour la plus pure, celle qui ne se concrétisait pas. À partir du dessin qu’elle avait fait de lui ce froid après-midi de novembre, elle peignit un portrait, mais elle ne parvenait jamais à reproduire son regard ; elle s’y reprit de multiples fois et, finalement, elle jeta le tableau.

  Même si elle n’était pas amoureuse de lui, Chrysis continua à fréquenter le poète gitan. Il lui présenta un certain nombre de ses amis et il l’emmena à sa première orgie, où elle vécut l’expérience du comble de l’hédonisme, lorsque l’on s’abandonne totalement aux plaisirs des sens, à la quête d’une satisfaction libératrice.

  Cette orgie se tenait dans le sous-sol d’un club privé, seuls des couples y étaient admis et sur invitation. Lorsqu’elle descendit l’escalier jusqu’à la pièce sombre, éclairée à la bougie, Chrysis sentit son cœur battre la chamade, la chaleur de l’excitation lui embraser le visage. Elle n’avait pas la moindre idée de ce qu’elle allait trouver et Casmir n’avait répondu à aucune de ses questions. Il ne cessait de répéter : « Le but est de découvrir l’inconnu, de te découvrir toi-même, d’explorer les profonds mystères de ta propre nature érotique. Chaque fois est différente et je ne pourrais pas te décrire les sensations même si je le voulais. Et si je le pouvais, il ne te resterait rien à découvrir. Tous les désirs sont permis, tu peux tout, sauf faire du mal à quelqu’un, ou tu peux ne rien faire si tu préfères. Il y aura une femme là-bas, une sorte de directrice, pour te guider. »

  Le sous-sol était si faiblement éclairé qu’il fallut un peu de temps à Chrysis pour que ses yeux s’habituent et, même alors, tout ce qu’elle parvint à distinguer, c’était le vague contour de formes humaines enlacées dans diverses positions. Il lui aurait fallu approcher plus près pour reconnaître les hommes des femmes. Il régnait une odeur animale, l’odeur musquée de la semence humaine, un mélange terreux d’hormones et de sécrétions mâles et femelles, le parfum du désir sexuel.

  Une femme entre deux âges approcha. Elle portait des vêtements élégants, était un peu corpulente, sa poitrine assez lourde, mais Chrysis voyait qu’elle avait dû être très belle et qu’elle l’était encore. Casmir semblait avoir soudain disparu dans la pénombre. La femme prit le manteau de Chrysis. « C’est la première fois que vous venez, dit
-elle. Nos règles sont simples. Nous n’utilisons que des pseudonymes. Nous ne posons pas de questions personnelles. Nous sommes, les uns pour les autres, de simples corps, de la peau et de la chair, des mains et des bouches, des organes et des orifices. Vous pouvez vous asseoir à une table, prendre un verre de champagne et attendre que quelqu’un vienne vous chercher. Mais si il ou elle ne vous plaît pas, vous n’avez aucune obligation de le suivre. Et vous avez le choix de participer, ou pas, si vous ne le souhaitez pas. Si vous voulez, je peux aussi vous présenter à un groupe. Dites-moi, ma chère, ce que vous êtes venue chercher ici. Quelles sont vos préférences ?

  – Je n’ai pas de préférences, dit Chrysis. Je n’ai pas eu le temps d’en bâtir. Je recherche des expériences. Je veux tout vivre.

  – Excellent. Alors je sais exactement quel groupe va vous initier. Mais, avant, je dois vous laver. »

  La femme emmena Chrysis dans une salle de bains immaculée, éclairée elle aussi par des bougies, et de ses mains habiles, expertes, elle se mit à la déshabiller, lui passant sa robe par la tête, lui enlevant sa combinaison, son soutien-gorge et sa culotte. Chrysis se laissait faire, docile. « Vous êtes jolie », dit la femme, passant une main légère sur la cuisse de Chrysis, sur sa taille, son ventre, remontant jusqu’à ses seins, la paume de la femme effleurant à peine ses tétons, sa poitrine empourprée, son épaule, lui caressant doucement le cou, avant de s’arrêter sur sa joue. L’exploration tactile qu’avait exécutée cette femme ressemblait à la manière dont un éventuel acheteur examinerait les contours d’un jeune poulain dans le paddock, on aurait dit qu’elle l’avait fait des milliers de fois auparavant. « Oui, tout à fait jolie, vous serez une contribution magnifique à notre groupe. Ce soir, votre nom sera Aphrodite, la déesse de l’amour. Cela vous convient-il, ma chère ? »

  Chrysis sourit. « Oui, tout à fait. »

  La femme fit couler de l’eau chaude dans un grand bol en cuivre, y ajouta quelques gouttes d’huile de lavande et, avec une étoffe douce, se mit à laver doucement Chrysis, commençant par ses pieds, ses jambes, son sexe, son anus, ses seins et son dos. Elle prit une serviette blanche sur une pile posée sur le comptoir, l’essuya et lui passa une tunique en soie blanche qui tombait magnifiquement.

  « Voilà, dit la femme en faisant un pas en arrière pour la regarder, satisfaite. Vous êtes prête, maintenant. Êtes-vous tendue ?

  – Un peu oui, je suis excitée.

  – Bien. C’est ainsi qu’il faut que vous soyez. »

  Elle conduisit Chrysis dans la pièce principale, où un homme noir et musclé, portant seulement un pagne, approcha et lui présenta un plateau sur lequel était posée une unique coupe de champagne. « Buvez, dit la femme en lui tendant le verre ; elle prit le plateau des mains de l’homme avant de poser une main tendre sur sa joue. Voyez-vous qui je vous amène, mon beau Zeus ? lui dit-elle. Aphrodite. » Et se tournant vers Chrysis, elle dit : « Zeus va vous faire rencontrer d’autres participants et vous allez éprouver du plaisir comme jamais vous n’en avez connu, ni même imaginé. »

  Chrysis constata que l’homme noir la regardait, que, sous son pagne, son excitation grandissait et la vue de son sexe de plus en plus gros fit naître un frisson qui partit du fond de son bas-ventre, remonta le long de sa poitrine, descendit de ses épaules jusqu’au bout de ses doigts.

  Zeus la prit par le bras et l’emmena dans un coin sombre de la pièce, où, dans la lumière des quelques bougies, elle parvint tout juste à distinguer le corps de trois autres personnes sur un lit recouvert de draps et d’oreillers blancs. Zeus défit la ceinture de sa tunique, la fit passer par-dessus sa tête et la laissa tomber sur le sol. Il s’approcha très près d’elle, se pencha et déposa un baiser dans son cou. Chrysis sentit son sexe effleurer sa cuisse. « Assieds-toi », chuchota-t-il dans son oreille et il la poussa doucement sur le lit.

  Dans la lueur tremblante des bougies, elle vit deux autres femmes, une noire et une blanche, et un homme blanc. Ils lui sourirent gentiment. Puis elle fut soudain emportée par la chaleur particulière et la riche odeur des corps humains en plein ébat sexuel, la sensualité des contacts de mains et de doigts, de lèvres et de langues, d’hommes et de femmes, le toucher des peaux, des muscles, des seins, la moiteur poisseuse, les pulsations rythmées des organes. Dans le vertige du désir, dévorée par une passion insatiable, Chrysis au comble de l’extase.

  BOGEY

  1925

  I

  Archie Munro avait donné à Bogey le nom d’un de ses anciens copains qui vivait à Paris, un poids mouche à la retraite originaire de Liverpool du nom de Jimmie Charters, qui se trouvait être le barman d’un établissement appelé le Dingo, sur la rue Delambre. C’était tout près de la gare Montparnasse et, lorsque Bogey descendit du train, il s’y rendit directement.

  « Je t’attendais, l’ami », dit Jimmie Charters ; il s’essuya les mains sur son tablier en contournant le bar. C’était un gars au visage rond, souriant.

  « Archie m’a parlé de toi dans une lettre. Il a dit que tu étais un bon boxeur et que, s’il n’y avait pas eu tes jambes, tu aurais été un concurrent sérieux au titre, dans la catégorie mi-lourd.

  – Je ne sais pas, monsieur, dit Bogey. Ces Écossais sont de sacrés adversaires.

  – Effectivement, l’ami, tu as raison, dit Jimmie avec un petit rire. Je ne sais pas si Archie te l’a dit ou non, mais à la toute fin de sa carrière et au début de la mienne, je l’ai combattu dans deux ou trois matchs d’exhibition à Glasgow. Après le premier combat, j’ai eu envie de vomir chaque fois que je me suis retrouvé face à lui sur un ring. Même sur la fin, c’était un vrai bouledogue, cet Archie, il ne lâchait rien.

  – Oui, monsieur, et il était tout aussi obstiné comme entraîneur, dit Bogey. La seule façon que j’ai trouvée de me débarrasser de lui, c’est de prendre ma retraite et de partir pour la France.

  – C’est exactement ce que j’ai fait ! Appelle-moi Jimmie, l’ami, personne ne m’appelle monsieur. Bon, écoute, j’ai parlé au propriétaire et tu peux travailler ici si tu veux. Tu commenceras en cuisine, à la vaisselle. Comment est ton français ?

  – Je me débrouille.

  – Bon, dans ce cas, tu pourras peut-être servir de temps en temps. Nous avons moins de Français que de clients américains et britanniques, mais il faut quand même pouvoir parler français. Tu peux t’installer chez moi le temps qu’on te trouve un endroit à toi.

  – Merci, Jimmie, merci beaucoup pour tout ce que vous faites, dit Bogey. Je ne sais pas ce qu’Archie vous a dit d’autre sur moi, sur les circonstances dans lesquelles j’ai été blessé aux jambes. Mais, quoi que vous sachiez, je vous serais reconnaissant de le garder pour vous.

  – Pas la peine d’en dire plus, l’ami, dit Jimmie en levant une main. Dans ma profession, la discrétion avant tout. »

  Il sortit un trousseau de clés de sa poche, le tendit à Bogey, lui expliqua comment aller jusqu’à son appartement qui était juste au coin de la rue, square Delambre. Il lui dit d’y déposer ses affaires, de faire un brin de toilette et de revenir le soir pour rencontrer le propriétaire.

  Bogey commença à travailler au Dingo le jour suivant. Il ne s’agissait que de basses besognes, mais il aimait le côté routinier et anonyme. À l’exception de Jimmie, personne ne se donnait la peine de parler au nouveau laveur de vaisselle et cela lui convenait très bien. Il préférait qu’on le laisse tranquille, être une oreille invisible, écouter les cuisiniers et les serveurs dans leurs échanges animés et leurs chamailleries. Du peu qu’il voyait du bar et du restaurant pendant les heures d’ouverture, il se rendait compte que c’était un endroit très vivant.

  Les affaires étaient florissantes et, après avoir passé deux semaines en cuisine, Bogey se vit confier une place d’apprenti serveur ; il débarrassait et dressait les tables, remplissait les verres d’eau et servait les plats lorsque arrivait l’heure de pointe. On lui fournit un uniforme : une chemise blanche, un nœud papillon noir, un pantalon noir et un long tablier blanc.

  Bogey aimait t
ravailler en salle, entendre des bribes de conversations dans des langues différentes, des conversations auxquelles il n’avait pas besoin de participer et que, généralement, il ne comprenait pas, de toute façon. Comme Jimmie le lui avait dit, la clientèle était composée de beaucoup d’Américains et de Britanniques, mais même lorsqu’ils s’adressaient à lui en anglais, ce qui n’était pas rare, Bogey répondait toujours en français. Il ne savait pas vraiment pour quelle raison, mais il voulait garder une certaine distance, en particulier à l’égard de ses compatriotes. Après sept ans passés en Europe, il remarquait maintenant combien les Américains étaient bruyants et s’il était identifié comme un des leurs, il savait qu’on lui poserait invariablement des questions auxquelles il n’avait pas la moindre envie de répondre. Il aimait voir les clients bavarder sans retenue, parfois sans tabou, comme s’il n’existait pas, pendant qu’il débarrassait leur table ou remplissait leurs verres.

  Bogey se dit qu’il n’avait jamais vu auparavant autant de belles femmes qu’à Paris et il remarqua que même celles qui n’étaient pas d’une beauté classique avaient un style tellement affirmé et tant d’assurance qu’elles en devenaient belles. Il n’avait pas touché une fille depuis qu’il s’était réveillé dans l’hôpital militaire, cinq ans auparavant ; bien qu’il ait eu un certain nombre d’occasions en Écosse, il avait honte de ses jambes affreusement marquées de cicatrices et il refusait que quiconque les voie. Malgré tout, il appréciait de contempler les femmes qui franchissaient le seuil du Dingo, ou celles qui flânaient sur le trottoir, et il aimait les écouter bavarder. Parfois, les filles le draguaient et cela lui plaisait, aussi.

  II

  Bogey s’était remis à écrire des histoires lorsqu’il était à l’hôpital, en Écosse, et il avait poursuivi pendant les trois ans qu’avait durés sa carrière de boxeur. Maintenant, il promenait son carnet dans la poche de son tablier de serveur et y jetait diverses observations pendant ses pauses-cigarette, ou après le travail. Un après-midi, plusieurs semaines après avoir été embauché au Dingo, Jimmie vint le voir dans l’arrière-salle alors qu’il prenait des notes.