Chrysis Read online

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  Chrysis fit d’abord un croquis de Juliette assise sur le lit, encore complètement habillée, comme si elle attendait son client ; puis un autre d’elle debout, un pied sur une chaise, en train d’enlever un de ses bas. Et un troisième où elle était nue sur le lit. À partir de ces croquis, Chrysis avait l’intention d’exécuter une série de tableaux qu’elle intitulerait L’Attente du client. Juliette était un excellent modèle, qui exprimait de manière authentique les différents états d’âme et poses des femmes de sa profession.

  Chrysis alla s’asseoir sur le bord du lit pour installer Juliette dans la position qu’elle souhaitait pour la dernière série d’esquisses. « Mets-toi sur le côté », dit-elle. Comme la jeune femme s’exécutait, Chrysis découvrit une cicatrice sur sa hanche et elle l’effleura du bout des doigts.

  « Que t’est-il arrivé ?

  – Regarde bien. Ce sont les initiales MT. Maurice Toscan. Il marque toutes ses filles pour bien les identifier comme étant sa propriété.

  – C’est monstrueux.

  – Je crois que toi et moi avons presque le même âge, dit Juliette. Mais nous avons visiblement connu des vies très différentes. »

  Chrysis posa sa main doucement sur la hanche de Juliette, recouvrant la meurtrissure de sa paume. « Je suis tellement désolée, Juliette. »

  La jeune femme sourit et haussa les épaules.

  « C’est comme ça, c’est tout. C’est derrière moi, maintenant.

  – Je n’ai plus qu’un seul dessin à faire, dit Chrysis. Mais, d’abord, je veux te poser une question. Est-ce qu’il arrive qu’un client te donne vraiment du plaisir ?

  – Très très rarement. Mais, parfois, on peut avoir l’illusion de faire l’amour plutôt que de rendre un service payant ; c’est toujours une impression à la fois douce et amère.

  – Pour ce dernier croquis, je voudrais que tu te projettes dans une circonstance de ce genre, dit Chrysis. Je veux que tu imagines que tu viens de faire l’amour et que tu as eu un orgasme, que ton client/amant est maintenant parti. Tu te retrouves seule, rassasiée et comblée, mais en même temps, avec ce sentiment d’amertume que tu décrivais. »

  Juliette hocha la tête. Elle prit la main de Chrysis encore posée sur sa hanche et, se tournant sur le dos, la posa sur son ventre chaud et doux, juste au-dessus de son pubis.

  « Mais pourquoi me demandes-tu d’imaginer un état pareil, Chrysis ? Comment peux-tu faire un vrai tableau si ton modèle ne fait que jouer, faire semblant qu’elle ressent quelque chose qu’elle n’éprouve pas à ce moment-là ? » Très lentement, elle remonta la main de Chrysis jusqu’à ses côtes, juste sous sa poitrine, et Chrysis ne résista pas. « Ces autres poses étaient faciles à prendre parce qu’elles font toutes partie du quotidien de ma profession et elles n’exigent aucune imagination de ma part. Mais ce que tu me demandes maintenant est plus difficile. Cependant, si tu arrives à me faire éprouver ces sensations que tu veux, tu auras un vrai tableau, pas un faux. Et, après tout, tu as payé pour mes services, non ? »

  Le toucher de la peau veloutée de Juliette contre la sienne, la douceur du contact de leur chair, l’avidité de leurs lèvres lorsqu’elles s’embrassèrent, la rondeur sensuelle et réconfortante de deux corps de femmes ensemble, si différents de celui, musculeux, anguleux, d’un homme – ni mieux ni moins bien, seulement différent. Elles surent d’instinct comment se donner du plaisir avec les mains, la bouche, la langue, sans maladresse, sans honte, et lorsqu’elles eurent terminé, elles restèrent enlacées, en silence. Enfin, Chrysis se leva et reprit son bloc à dessins ; elle dessina Juliette dans l’état exact qu’elle avait décrit et, comme elle se trouvait elle-même dans la même disposition, l’artiste et le modèle ne faisaient qu’un, à la fois sur le plan physique et sur le plan des émotions. Chrysis reconnut que c’était la forme d’épanouissement la plus vraie, la plus rare qu’un artiste puisse rêver, qu’elle n’avait jamais connue auparavant, et dont elle savait qu’il lui serait difficile de la retrouver un jour.

  Lorsqu’elles retournèrent au salon, elles trouvèrent l’établissement bien plus animé, les lumières étaient tamisées, l’atmosphère était chargée de tension érotique. Au piano, un musicien noir jouait du jazz et les clients dansaient avec les filles sur la petite piste à côté du bar. Chrysis trouva Casmir avachi dans un fauteuil Louis XIV doré, il paraissait agacé et désœuvré. Elle lui présenta ses excuses pour s’être absentée si longtemps et lui expliqua qu’elle avait fait plus de croquis que prévu.

  Le poète éclata de rire.

  « Ah, ma chère, il n’y a pas de secrets entre nous, dit-il. Je sens son odeur sur toi. Et je vois à ton regard languissant que tu es assouvie.

  – Je crois que je ne suis plus tellement intéressée par le voyeurisme ce soir, dit Chrysis. Je vais me contenter d’un verre de champagne au bar et régler ma note auprès de Madame. Ensuite, il faut que je retourne à mon atelier pour peindre. Je suis désolée, Casmir.

  – Ce n’est rien, ma chère, dit-il. Il te suffira de m’offrir un bon dîner. »

  En approchant du bar, Chrysis trouva Mme Mireille en grande conversation avec le barman. Madame lui lança un regard. « Je suis à vous tout de suite, jeune dame », dit-elle.

  C’est alors que Chrysis se tourna vers le barman.

  « Mais qu’est-ce que vous faites ici ? balbutia-t-elle avant de réfléchir.

  – Je vous demande pardon, mademoiselle ? fit Mme Mireille.

  – Je vous prie de m’excuser, dit Chrysis. Je parlais à ce monsieur. Je ne cherchais pas à vous interrompre, j’ai juste été surprise de le voir.

  – Vous vous connaissez ? demanda Madame.

  – Non, pas exactement, dit Chrysis. Enfin, nous ne nous sommes pas vraiment rencontrés.

  – Eh bien, permettez-moi de vous présenter, dit Madame, visiblement dans une grande confusion. Voici Bogart, notre nouveau barman à temps partiel et gardien de la paix à plein temps. Avec tous les marins américains en ville, la clientèle de La Belle Poule est un peu plus… comment dirais-je… dissipée qu’en temps normal. Je m’en plaignais récemment à mon cher ami, Jimmie Charters, le barman du Dingo, et il m’a dit qu’il avait l’homme qu’il me fallait. Mais je ne connais pas votre nom, jeune dame…

  – Chrysis, dit-elle, en tendant la main à Bogey. Je m’appelle Chrysis. »

  Sa poignée de main était chaude et puissante, et il tint la main de Chrysis dans la sienne pendant un long moment, jusqu’à ce qu’elle se sente presque prête à défaillir. « Je suis très heureux de vous rencontrer, miss, dit-il. Pour répondre à votre question, je travaille ici. C’est mon premier soir. » Il eut un sourire ironique.

  « Mais je pourrais vous poser la même.

  – Voici mon ami Casmir, dit Chrysis, consciente que son visage était cramoisi.

  – Bogart, servez du champagne à mes amis Chrysis et Casmir, dit la patronne, et peut-être pourrez-vous éclaircir la situation. Votre séance avec Juliette a été satisfaisante, j’imagine ?

  – Oui, très satisfaisante, je vous remercie.

  – Il faut que j’aille m’occuper de mes clients, dit Madame en s’éloignant du bar. Vous pouvez laisser le montant sur lequel nous nous sommes entendues auprès de Bogart, mademoiselle. »

  Plus tard, Chrysis se souviendrait que le pianiste jouait et chantait une nouvelle chanson qu’elle avait déjà entendue au Bal nègre. Elle avait été écrite par un compositeur américain, Cole Porter, qui vivait à Paris et qui était un habitué de l’établissement ; il y jouait souvent avec la formation qui s’y produisait. Le morceau s’appelait Let’s Misbehave.

  « Et pour répondre à votre question, je suis venue ici pour travailler, moi aussi, lui dit Chrysis, toujours déroutée par sa présence et éprouvant, sans savoir pourquoi, le besoin de se justifier devant lui. Je veux dire… je ne suis pas une des filles… non, je ne travaille pas ici de cette façon-là. Je suis venue faire des croquis. Vous voyez, je suis peintre… et… et je bafouille… pardonnez-moi.

  – Je vous faisais marcher,
miss, c’est tout, dit Bogey en souriant de son embarras. La raison pour laquelle vous êtes ici ne me regarde pas.

  – Acceptez-vous de venir me retrouver demain après-midi au Select ? demanda-t-elle. Vers 4 heures ? Il faut que je vous parle. »

  Bogey hocha la tête.

  Comme ils quittaient La Belle Poule, Casmir dit :

  « C’est l’homme dont tu es amoureuse, n’est-ce pas ?

  – Comment le sais-tu ? »

  Casmir se contenta de rire.

  III

  « Vous vous souvenez de moi ? demanda Chrysis.

  – Oui, l’hiver dernier, dit Bogey. J’étais assis ici même et j’écrivais dans mon carnet. Et vous étiez dehors, vous regardiez à travers la vitre. On aurait dit un pauvre petit enfant abandonné.

  – Depuis, je n’ai cessé de vous chercher. J’ai cru que je ne vous reverrais jamais.

  – La Belle Poule, c’est un drôle d’endroit pour se rencontrer par hasard.

  – Dites-moi la vérité, dit Chrysis. Est-ce que vous m’avez cherchée ? Est-ce que vous avez pensé à moi ?

  – J’ai regretté par la suite de ne pas vous avoir parlé, dit Bogey. Et j’ai regretté de ne pas avoir regardé votre dessin. J’étais un peu absent ce soir-là.

  – Je l’ai bien vu. On aurait dit que vous viviez dans un monde distinct du nôtre.

  – Oui, cela m’arrive souvent. »

  Ils se regardèrent longuement et c’était comme s’ils se connaissaient depuis toujours, comme s’ils savaient tout l’un de l’autre, même si, bien entendu, il n’en était rien.

  « Vous êtes écrivain, finit par dire Chrysis.

  – Non, pas vraiment, répondit Bogey. Mais vous êtes peintre.

  – Oui, enfin, j’étudie la peinture. J’ai encore beaucoup à apprendre. Vous êtes américain, n’est-ce pas ?

  – C’est exact. »

  Il sourit.

  « Comment avez-vous deviné ?

  – Votre accent vous trahit. Et, bien sûr, vos bottes de cow-boy. »

  Bogey éclata de rire.

  « Parfois, des étudiants de l’École des beaux-arts m’arrêtent sur le trottoir et me demandent si je suis un vrai cow-boy, ou si je me rends à un bal costumé.

  – Et que leur répondez-vous ?

  – Je leur dis que je suis déguisé, bien entendu.

  – Si je peux me permettre, comment se fait-il qu’un cow-boy américain se retrouve dans un bordel à Paris ?

  – C’est une assez longue histoire.

  – J’imagine. Quel est votre vrai nom ?

  – Bogart. Bogart Lambert. Mais la plupart des gens m’appellent Bogey. »

  Chrysis lui lança un regard appuyé ; un lointain souvenir remontait de son enfance, comme un frisson glacial, le long de sa colonne vertébrale.

  « D’où, en Amérique, venez-vous ?

  – De l’État du Colorado. Ma famille a un petit ranch là-bas.

  – Vous étiez dans la Légion étrangère.

  – Comment le savez-vous ?

  – Je croyais que vous étiez mort.

  – Je vous demande pardon ?

  – Bogart Lambert a été tué pendant la guerre, dit Chrysis. Les Boches l’ont tué, c’est mon père qui me l’a dit.

  – Qui est votre père ? demanda Bogey.

  – Il m’a parlé de vous et de Crazy Horse. Vous êtes le courrier cow-boy. Il m’a tout raconté sur vous. Il vous a rencontré.

  – Qui est votre père ? recommença Bogey.

  – Le colonel Charles Jungbluth, répondit-elle. Commandant du 217e régiment d’infanterie. Vous êtes allé dans ses tranchées pendant la bataille des monts de Champagne, lors de l’offensive du printemps 1917. N’est-ce pas exact ? »

  Bogey la regarda pendant un long moment, puis il détourna les yeux, comme s’il se refermait, se repliait en lui-même. Chrysis revit dans la profondeur de son regard toute l’angoisse du souvenir qu’elle avait surprise ce jour-là, au Select.

  Pour finir, il hocha la tête.

  « Oui, je me souviens de votre père. C’était une de mes premières missions. J’étais si jeune, si insouciant. Je croyais que j’étais invincible… que les balles ne pouvaient m’atteindre. Votre père a été très gentil avec moi.

  – Finalement, vous n’êtes pas mort, dit-elle.

  – Non, je ne crois pas.

  – Toutes ces années, depuis que je suis petite, je croyais que vous étiez mort.

  – Comme beaucoup de gens, fit Bogey.

  – Acceptez-vous de venir avec moi chez mes parents ? demanda Chrysis. Vous voulez bien que nous y allions maintenant ? Ce serait une surprise tellement extraordinaire pour papa. Lui aussi, pendant toutes ces années, il a cru que vous étiez mort. Ce serait une nouvelle fin pour l’histoire, une nouvelle fin magnifique. Et quel beau cadeau je lui ferais.

  – De quelle histoire parlez-vous ?

  – La belle histoire de guerre qu’il m’a racontée quand j’étais petite, dit-elle. L’histoire du courrier cow-boy.

  – Je serais heureux de revoir votre père, dit Bogey. Mais il faut que je parte bientôt travailler. Demain, je suis en congé et, si vous voulez, je vous accompagnerai. Mais vous devez me promettre une chose. Vous devez me promettre que vous ne parlerez de moi à personne d’autre.

  – D’accord, je le promets, dit Chrysis. Mais pourquoi ?

  – Parce que vous avez raison sur un point. Le courrier cow-boy est mort et je souhaite qu’il repose en paix. »

  Chrysis tendit la main et saisit celle de Bogey.

  « Bogart ?

  – Oui, Chrysis.

  – Est-ce que vous le sentez ? Est-ce que vous sentez ce qu’il y a entre nous ? »

  Bogey hocha la tête.

  « Je suis amoureuse de vous depuis que j’ai 12 ans, dit-elle.

  – Vous étiez amoureuse d’un personnage mythique que votre père avait créé pour vous.

  – Mais, ensuite, je suis tombée amoureuse de vous l’an dernier, ici même, dit Chrysis, et sans savoir qui vous étiez, sans même vous parler. Lorsque je vous ai vu hier soir, j’étais encore amoureuse de vous. Et peut-être que vous ne le savez pas encore, mais vous êtes amoureux de moi.

  – Je ne sais pas grand-chose de l’amour », répondit Bogey.

  IV

  « Peut-être que nous ne devrions pas dire à père où nous nous sommes rencontrés, l’autre soir », dit Chrysis en ouvrant la porte de l’appartement.

  Bogey rit.

  « Je pense que c’est une très bonne idée. Je me rappelle que votre père était un homme de caractère.

  – C’est une façon de le dire, dit-elle. Je vais tout simplement prétendre que nous nous sommes rencontrés au Select. Ce qui est plus ou moins vrai.

  – Et où allez-vous lui dire que vous avez fait ces dessins ?

  – Je ne vais pas les lui montrer. Tout au moins, pas tout de suite. Mais, un jour, il les verra. »

  Ses parents prenaient l’apéritif lorsque Chrysis entra dans le salon avec Bogey. Le colonel se leva ; Chrysis embrassa son père, puis sa mère. « J’ai amené un ami qui veut te voir, papa, dit-elle. Quelqu’un que tu te rappelleras peut-être. »

  Les cheveux du colonel avaient beaucoup blanchi ces dernières années et sa moustache en guidon de vélo était maintenant soigneusement taillée. C’était un monsieur d’une bonne cinquantaine d’années qui avait l’air tout à fait distingué, encore mince, dont on remarquait le port très droit, caractéristique des militaires. Il regarda Bogey d’un air interrogateur.

  « Nous nous sommes déjà rencontrés ? demanda-t-il en tendant la main. Je suis désolé, mais je crains de ne pas vous reconnaître.

  – Oui, colonel Jungbluth, dit Bogey en levant la main pour exécuter un salut militaire. Nous nous sommes rencontrés. J’étais le légionnaire 2e classe Bogart Lambert, monsieur, du 4e bataillon, sous le commandement du colonel Jacques Daumier. Nous nous sommes brièvement croisés pendant la guerre. Cependant, il n’y a aucune raison pour que vous vous souveniez de moi. »

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sp; Le colonel observa longuement Bogey et sa lèvre inférieure se mit à trembler.

  « J’ai assisté à votre messe de souvenir, chuchota-t-il, la voix rauque, la main tremblante lorsqu’il la leva pour le saluer. Vous avez été décoré de la croix de guerre à titre posthume.

  – Oui, monsieur, elle a été envoyée à mes parents, dans le Colorado, dit Bogey. Ils l’ont mise dans ma chambre, avec mes trophées de rodéo.

  – Comme votre corps n’a jamais été retrouvé, il y a eu une enquête, dit le colonel. Certains membres du tribunal militaire croyaient que vous aviez déserté. Néanmoins, votre commandant et d’autres dans votre bataillon ont témoigné en votre faveur. Il y avait eu tant de morts, de victimes qui avaient été enterrées sur le champ de bataille, tant qui avaient tout simplement disparu, qu’il n’y avait aucun moyen de savoir ce que vous étiez devenu. Mais c’est incroyable… La Légion est-elle au courant que vous êtes toujours vivant ?

  – Non, colonel, dit Bogey. Et je n’ai aucune intention de l’en informer.

  – Mais pourquoi ? s’étonna le colonel Jungbluth. Vous serez, au minimum, éligible pour une compensation financière quelconque de la part du gouvernement. Et vous aurez droit aux honneurs de la nation.

  – Voilà exactement la raison, dit Bogey. Vous y étiez, colonel. Vous savez ce que c’était. Pourquoi voudrais-je réveiller tout cela ? Pourquoi voudrais-je ce genre d’attention ? La guerre est terminée depuis sept ans, le courrier cow-boy est mort et oublié, le monde est passé à autre chose. Je suis passé à autre chose. Laissons donc le passé à sa place. Votre fille a promis de ne pas parler de moi à quiconque. Et je vous demanderai la même discrétion. »

  Le colonel réfléchit un moment à ce que Bogey venait de dire, puis il hocha la tête.

  « Très bien, légionnaire Lambert. Si vous souhaitez rester un homme mort, je dois respecter votre décision. Cependant, je vous serais reconnaissant de m’accorder l’honneur de me raconter, en privé, ce qui vous est arrivé et où vous avez été, ces dernières années. Après notre brève rencontre ce printemps-là, j’ai suivi votre carrière militaire d’aussi près que je le pouvais, dans ces circonstances. J’ai souvent entendu les histoires de vos exploits.