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Chrysis Page 16


  – Vous n’avez peur que pour maman et vous, papa ? demanda Chrysis.

  – J’ai peur pour nous tous, ma chère fille. »

  IV

  Chrysis rentra à Paris début septembre, tandis que ses parents prolongeaient leur séjour en Bretagne. Bogey et elle s’étaient écrit presque quotidiennement pendant son absence ; pourtant, tous deux se demandaient si cette longue séparation aurait tempéré leur passion. Elle arriva à la gare Montparnasse dans la soirée et alla à pied jusqu’à l’appartement de ses parents. Elle leur téléphona, puis elle repartit ; elle se rendit chez Bogey, non loin de là. Il ne savait pas qu’elle rentrait ce jour-là et elle avait décidé de l’attendre dans son studio, dont elle avait la clé, de lui faire la surprise lorsqu’il rentrerait du travail. Elle s’endormit sur son lit et ne se réveilla qu’au bruit de la clé qui tournait dans la serrure.

  Il traversa la pièce et vint s’asseoir sur le bord du lit. Il sourit.

  « J’ai senti ton odeur avant même d’avoir ouvert la porte, dit-il. J’ai su que tu étais rentrée.

  – Est-ce que tu m’aimes toujours ?

  – Non, je t’ai complètement oubliée, ces six dernières semaines.

  – Ce n’est pas drôle.

  – Ce n’est pas vrai, non plus, dit Bogey avec un gentil sourire. Bien sûr que je t’aime encore et plus que jamais. Tout le temps où tu as été absente, j’ai eu l’impression qu’une partie essentielle de moi manquait, une partie que tu m’avais rendue, mais que tu avais emportée avec toi en partant.

  – C’est exactement ce que j’ai ressenti, dit-elle. Je suis sortie peindre avec père presque tous les jours, mais sans toi, mes toiles manquaient de vie.

  – Peut-être était-ce parce que tu étais loin des bordels et des clubs.

  – C’est vrai aussi, bien sûr ! et ils éclatèrent de rire. J’ai quand même réussi à trouver deux filles qui étaient en train de… comment dirais-je… “s’occuper” des marins au port et, en cachette de père, j’ai fait un tableau plutôt réussi où on les voit en train de jouer aux cartes dans une pièce donnant sur la mer.

  – Voilà qui ne m’étonne pas de toi, dit Bogey.

  – Je l’ai appelé Tireuse de cartes, et je trouve qu’il est assez vivant. »

  Chrysis se mit sur son séant, étreignit Bogey et ils se serrèrent fort l’un contre l’autre, tous les deux retrouvant plénitude et harmonie. Puis ils se déshabillèrent aussi vite que possible et firent l’amour avec toute la tendre passion des retrouvailles, une sorte de frénésie qui exigeait une satisfaction immédiate ; lorsque Bogey la pénétra, ils ne firent plus qu’un à nouveau. Ensuite, ils restèrent allongés sur le lit et parlèrent jusqu’à l’aube, avant de s’endormir dans les bras l’un de l’autre, leurs corps entremêlés dans une union si parfaite que, lorsque Chrysis se réveilla brièvement au milieu de la nuit, elle se dit que la forme de leurs deux corps enlacés était le chef-d’œuvre d’un grand sculpteur.

  V

  Ils vécurent les mois suivants dans le cocon protecteur de leur amour, un espace à l’atmosphère et au climat particuliers, assez distinct de celui dans lequel évoluait le reste du monde parisien ; ils étaient plus heureux qu’ils ne l’avaient jamais été, l’un comme l’autre, ou tout au moins, le croyaient-ils. Et pourtant, ils sentaient tous deux sans le dire qu’ils avaient créé cette bulle comme une espèce de bouclier, comme s’ils voulaient protéger cette chose si rare qu’elle ne pourrait survivre dans le monde réel, de la même manière qu’une serre permet à une orchidée tropicale de s’épanouir dans les pays du Nord.

  Une fois de plus, Chrysis reprit ses cours avec le professeur Humbert et, en janvier 1928, elle eut 21 ans. Bien que ce ne fût qu’un nombre arbitraire et qu’elle se fût sentie adulte bien avant cette date, cet anniversaire lui donna malgré tout un peu plus d’indépendance dans ses relations avec ses parents. Certes, elle vivait toujours dans leur appartement, mais elle se sentait plus libre d’aller et venir comme bon lui semblait, aux heures qu’elle voulait, sans donner d’explication sur les lieux où elle était allée ni ceux où elle avait l’intention de se rendre. Souvent, lorsqu’il était très tard et qu’elle craignait de les réveiller, elle dormait tout simplement sur la banquette-lit de son atelier. Elle n’avait plus l’impression qu’elle devait avoir l’approbation de son père pour s’habiller comme elle en avait envie. Au contraire, elle continua à explorer son propre style vestimentaire éclectique et à fréquenter les boutiques les plus excentriques, repoussant sans cesse les limites de la mode, comme elle repoussait toutes les limites.

  Un soir de printemps, en attendant que Bogey vienne la chercher pour l’emmener dîner puis danser, elle entra dans le salon vêtue d’une longue robe droite en soie orange rebrodée de motifs égyptiens, fendue d’un côté jusqu’à la taille. Ses pieds étaient chaussés de hauts escarpins à brides et, autour du cou, elle portait tout un assortiment de colliers africains en perles, du ras-du-coup jusqu’au long sautoir. Ses cheveux étaient tressés en une belle natte épaisse.

  « Un autre bal costumé, ce soir, ma chérie ? dit le colonel. Laisse-moi deviner… Cléopâtre ? Une princesse africaine ? Une esclave nubienne apprêtée pour être sacrifiée aux dieux païens ?

  – Colonel… gronda la mère de Chrysis, Marie-Reine.

  – Non, papa, ce soir, nous allons seulement danser.

  – Est-ce que tu ne risques pas d’attraper froid dans une tenue qui dénude autant ta jambe ? demanda-t-il.

  – Le but, mon cher père, répondit Chrysis, outre la provocation, bien sûr, est d’avoir de la liberté de mouvement sur la piste de danse.

  – Dans ce cas, on se demande pourquoi même porter des vêtements ?

  – Croyez-moi, j’ai déjà vu des femmes en tenue d’Ève sur la piste, c’est arrivé », dit-elle.

  Le colonel se contenta de secouer la tête en entendant parler de ce nouveau monde insensé qui semblait avoir complètement détrôné celui dans lequel il avait grandi.

  « Je trouve que tu es absolument resplendissante, ma chérie, dit sa mère sur un ton admiratif. Comme je regrette que les femmes de ma génération n’aient pas eu un dixième de la liberté dont jouit la tienne. Cela fait un certain temps que je demande à ton père de m’emmener dans un de ces clubs de jazz du quartier, mais il trouve que ce genre de danse est efféminé et ne sied pas à un militaire.

  – Bogey est un militaire, papa, fit remarquer Chrysis, et il est un merveilleux danseur, que personne n’a jamais accusé d’être efféminé. Si vous voulez, je vous apprendrai quelques pas de charleston ou de lindy hop, et mère et vous pourrez vous exercer ici, à la maison. »

  Les deux femmes échangèrent un regard complice et elles se mirent à glousser en imaginant le colonel en train d’exécuter les pas des danses à la mode, et rapidement, elles furent prises d’un tel fou rire qu’elles en pleuraient. Accoutumé à être mis en minorité par les femmes de son foyer, le colonel ne manquait pas d’humour, y compris d’une certaine capacité à l’autodérision. Il dut admettre que ses tentatives pour danser le lindy hop seraient un tantinet comiques et, sous son froncement de sourcils désapprobateur, il esquissa un petit sourire entendu.

  CHRYSIS & BOGEY

  1928-1929

  I

  Un autre été commença et se termina, et un soir, profitant de la douceur du début du mois de septembre, Chrysis et Bogey prenaient l’apéritif en terrasse à La Closerie des Lilas quand la jeune femme demanda soudain :

  « Est-ce que tu as déjà participé à une orgie ? »

  Bogey rit.

  « L’expérience la plus proche que j’en ai date de l’époque où je vivais dans la maison close à New York et où il m’est arrivé de coucher avec deux ou trois filles en même temps.

  – Ah, oui, ton apprentissage chez les professionnelles ! s’écria Chrysis, en éclatant de rire aussi. Grâce auquel tu as eu ton diplôme d’amant virtuose !

  – Et toi ? Es-tu déjà allée à une orgie ?

  – Une fois. Casmir m’a emmené
e. Quelques mois après que je t’avais vu au Select.

  – Et comment était-ce ?

  – Intense, presque bouleversant, répondit Chrysis. Au point que je ne suis pas sûre de vouloir jamais recommencer. Il y avait presque trop de stimulations sensorielles, c’était à la limite du supportable. À un moment, j’ai cru que j’allais perdre connaissance.

  – Pourquoi m’as-tu posé la question ?

  – Parce que j’ai une idée pour un tableau ayant pour thème une orgie. Je veux le présenter au comité de sélection pour l’exposition au Salon des indépendants en janvier. Pascin a proposé de soumettre certaines de mes œuvres au comité. J’ai déjà une image claire du tableau dans ma tête. Néanmoins, il va falloir que j’organise moi-même une orgie. Est-ce que tu m’aideras ? »

  Bogey rit à nouveau.

  « Tu sais, ma chérie, il faut que je te dise : tu es la toute première femme qui m’ait jamais demandé de l’aider à organiser une orgie. Et en même temps, je ne suis pas tellement surpris…

  – Parce que tu me connais par cœur, dit Chrysis. Mais peut-être que la suite va te surprendre. Je veux que nous y participions tous les deux. Tu voudras bien faire ça pour moi ?

  – OK, je l’admets, cette fois, tu m’as surpris ! Je ferais n’importe quoi pour toi, chérie, et pour ton art. Mais cela signifie-t-il que je serai obligé de coucher avec des hommes ?

  – Tu n’es pas obligé de coucher avec qui que ce soit, si tu n’en as pas envie, dit-elle. Enfin, sauf avec moi, bien sûr.

  – Ça, c’est facile. Mais comment peux-tu participer à une orgie et la peindre en même temps ?

  – Je m’ajouterai par la suite, expliqua-t-elle. J’ai pensé à tout. Tu vois, j’ai une théorie : je pense que pour produire une représentation vraie de quelque chose, au-delà des compétences techniques exigées, évidemment, il faut aussi avoir une connaissance approfondie du sujet. Encore mieux, il faut en avoir l’expérience. Ne trouves-tu pas que c’est vrai des histoires que tu écris ?

  – Oui, je n’écris que des histoires vraies sur des situations que je connais et que j’ai vécues, dit Bogey. C’est la raison pour laquelle je ne me considère pas comme un véritable écrivain. Je n’invente rien. Je dis simplement ce qui s’est passé. Alors, comment puis-je t’aider à organiser ton orgie ?

  – Avec la liste des invités. Je veux que ce soit des amis, ou des amis d’amis, des gens que nous connaissons et en qui nous avons confiance, qui seront à l’aise les uns avec les autres, des gens qui s’amuseront ensemble. Je veux effacer la connotation pornographique attachée à l’idée de l’orgie. Je veux qu’elle soit à la fois érotique et joyeuse. Et je voudrais que différentes nationalités soient représentées. Je vais inviter Juliette. Et mes deux meilleures amies à l’atelier, que tu as rencontrées, Marika, la Berlinoise, et la fille de Guadalajara, Rosario, toutes les deux sont des esprits assez libres. Cela me fera une rousse, une blonde et une brune – une Française, une Allemande et une Mexicaine. Je vais inviter Casmir et, bien sûr, toi, mon amour – un poète gitan polonais et un cow-boy/soldat/écrivain/boxeur/flingueur américain. Je voudrais que tu invites Jerome et que tu lui demandes d’amener son petit ami androgyne, Misha, des Ballets russes. J’aurais alors un peintre indien homosexuel et un danseur russe bisexuel. Il nous faut aussi de la nourriture, du vin et du champagne. Et de la musique, je veux qu’on entende de la musique et des rires dans le tableau, et qu’on perçoive l’amour et le désir. C’est pourquoi je me disais que tu pourrais inviter le pianiste, Benny, qui joue à la maison close. Et j’en parlerai à Yanis, le Martiniquais du Bal nègre. Non seulement c’est un excellent musicien, mais il a le sourire le plus généreux, le plus joyeux que j’aie jamais vu.

  – Voilà un éventail de personnages tout à fait international, ma chérie, dit Bogey, de toutes couleurs et de tous horizons.

  – Exactement ce qu’il me faut, dit Chrysis. Comme le “village” lui-même – et nous, les participants, tous liés au monde de l’art, d’une manière ou d’une autre.

  – Même Juliette ?

  – Oui, c’est une artiste du sexe. Comme tu vois, j’ai longuement mûri ce projet. Mais nous devons nous dépêcher ; la date limite pour soumettre des œuvres au salon approche à toute allure. Je vais devoir prévoir du temps pour exécuter le tableau et le laisser sécher avant de pouvoir le présenter. »

  II

  C’est ainsi que tout fut préparé, la liste des invités arrêtée, une date et une heure décidées. Chrysis avait choisi son atelier sur le boulevard Edgar-Quinet pour les bacchanales, à un moment où elle savait que ses parents seraient à la campagne pour un long séjour. Elle pensait que l’orgie durerait bien vingt-quatre heures et elle s’arrangea avec Mme Mireille pour que Juliette, Bogey et le pianiste, Benny, puissent, exceptionnellement, s’absenter la nuit du samedi. Elle prévoyait d’exécuter un certain nombre de croquis pendant toute la durée de l’événement, qui lui serviraient de base ensuite. Dans l’immeuble, d’autres artistes avaient des ateliers où se déroulaient fréquemment des soirées tapageuses jusqu’à une heure avancée et Chrysis se dit que personne ne se plaindrait à ses parents à leur retour, au cas où la situation échappe à son contrôle, ce qui était une hypothèse plus que probable.

  Bogey arriva tôt le jour dit, comme elle le lui avait demandé. Ils étaient tous deux étrangement tendus, à l’approche de l’échéance, sur le point d’entrer dans un territoire inexploré de leur relation, qui jusque-là avait été non seulement monogame, mais aussi largement restreinte à eux deux, isolés du reste du monde. Pourtant, le vague danger qu’ils percevaient à la perspective d’entrer ensemble dans ce territoire nouveau contribuait à leur excitation.

  « Rien de ce qui se passera ici ce week-end, dit Chrysis, ne doit interférer avec notre amour, qui est sacré.

  – D’accord, répondit Bogey.

  – En même temps, ajouta-t-elle, rien qui puisse interférer avec notre amour ne doit arriver. Notre première responsabilité est d’être respectueux l’un envers l’autre.

  – Tu en sais plus que moi sur le sujet, chérie, dit Bogey. Mais il me semble qu’essayer d’assumer la responsabilité de ce qui se passe lors d’une orgie et de le contrôler va à l’encontre de l’esprit même de l’événement.

  – Bien sûr, tu as raison. J’ai juste peur d’aller trop loin et d’abîmer ce qui nous lie. Je ne pourrais le supporter.

  – Disons seulement, alors, que nous sommes responsables de ton tableau uniquement et du fait que tu sois libre de faire le travail que tu estimes nécessaire. Je te promets, rien de ce qui se produira ici ce week-end ne changera ce que j’éprouve pour toi. Je n’ai aucune idée de ce qui va se passer, mais je suis prêt à tout et à tout vivre.

  – Merci, mon amour. Grâce à toi, je me sens mieux », dit Chrysis.

  Dans un état d’esprit identique, une impatience mêlée d’excitation et d’appréhension, les autres invités commencèrent à arriver. Pour créer l’ambiance qui convenait, Chrysis avait tiré les volets de l’atelier, comme à La Belle Poule, où les persiennes étaient perpétuellement fermées, les bouteilles de champagne avaient été ouvertes et placées sur des lits de glace, et des bougies étaient disséminées dans la pièce afin de favoriser une atmosphère sensuelle. Soucieuse de pouvoir saisir la scène sous différents angles, Chrysis avait installé trois chevalets dans la pièce, éclairés par juste ce qu’il fallait de bougies pour qu’elle puisse dessiner et peindre.

  Chrysis était contente d’avoir Juliette à ses côtés, parce qu’elle était non seulement une amie intime, mais la plus expérimentée dans ce genre de domaine ; sa spontanéité et sa bonne humeur contribuèrent à détendre tout le monde.

  « Mon Dieu, quel beau Peau-Rouge ! dit Juliette en s’adressant à Jerome qui, à la demande de Chrysis, avait apporté la coiffe de cérémonie de sa famille pour l’occasion.

  « Je n’ai jamais fait l’amour à un vrai Indien auparavant. Même si j’ai un client qui aime bien porter un costume d’Indien.

 
; – On a constaté que beaucoup de Français sont fascinés par les Indiens d’Amérique, dit Jerome. Je suis toujours amusé, chaque année, pendant le bal des Quat’z’Arts, de voir le nombre d’étudiants qui se déguisent en Indiens. Cela me rappelle Al Jolson et son visage tartiné de noir.

  – C’est parce que nous, Français, avons du respect pour votre race, dit Juliette.

  – Il faut que je sois honnête avec vous, mademoiselle, et que je vous dise que vous n’aurez peut-être pas encore l’occasion de faire l’amour avec un vrai Indien, dit Jerome en caressant les fesses de son compagnon, Misha. Parce que le guerrier ici présent préfère les garçons. »

  L’Allemande, Marika, était au début la plus timide du groupe, mais Casmir la prit rapidement en charge et la détendit avec sa séduisante sensibilité de poète gitan. Par contraste, Rosario fut immédiatement dans l’esprit de l’événement. Elle était la fille d’une grande famille de propriétaires terriens espagnols, qui possédait de vastes domaines dans les États de Chihuahua et de Sonora, ainsi qu’une imposante demeure à Mexico ; Rosario était une petite femme mince pleine d’entrain, qui portait ses cheveux noirs coupés au carré, comme c’était la mode dans le quartier. Elle aussi peignait, dans des couleurs et des formes audacieuses que Chrysis admirait. Elles étaient devenues amies à l’atelier, parce que c’étaient elles, de toutes les élèves, qui défiaient le plus hardiment l’autorité du professeur.

  Yanis, le musicien martiniquais, avait apporté son banjo, Benny s’assit au piano de la mère de Chrysis et ils commencèrent à jouer les derniers airs de jazz à la mode, et à mesure que le champagne et la musique faisaient leurs effets, tous se mirent à danser. Misha, agile comme seul un danseur classique peut l’être, portait une jupe en raphia pour l’occasion, avec des bracelets de cheville et des sandales, dans une sorte de version masculine blanche de Joséphine Baker, et il déclencha l’hilarité générale avec ses grands sauts et ses pirouettes, aux accents du grand succès venu des États-Unis, Uncanny Banjo. À eux deux, Benny et Yanis connaissaient un grand répertoire, aussi bien des morceaux lents que d’autres plus rapides, du jazz, du blues, et tous deux étaient des chanteurs talentueux.