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Chrysis Page 2


  II

  Depuis deux ans, Bogey Lambert lisait dans Rocky Mountain News des articles sur la guerre en Europe. Il achetait des gazettes bon marché à l’épicerie, en ville ; il y découvrait d’épouvantables dessins de soldats allemands gigantesques, au regard méchant, qui enfonçaient leur baïonnette dans le cœur de combattants français beaucoup plus petits, terrassés, sur un champ de bataille jonché de corps ensanglantés. Bogey était à l’âge où l’idée de la guerre paraissait encore terriblement romantique et assez abstraite ; il se voyait en personnage de ces illustrations, débarquer en héros sur son cheval, brandissant à la fois sa lance et son six-coups, décimer les méchants Huns à tour de bras et sauver à lui tout seul le pays de ses ancêtres, la France, des ravages commis par les agresseurs.

  Bogey était doué pour l’écriture et, dans son carnet, il consignait les histoires de ses exploits imaginaires, bien qu’il ne sût à peu près rien de la France, rien d’autre que ce qu’il lisait dans les journaux, les illustrés et les manuels d’histoire dépassés qu’il trouvait dans la bibliothèque de sa petite ville. Ses histoires étaient des contes parfaitement fantaisistes et, lorsqu’il les relirait de nombreuses années plus tard, après avoir été témoin de l’indescriptible carnage de la Grande Guerre, il se demanderait pourquoi ses parents ne l’avaient pas tout simplement enfermé dans le cellier jusqu’à la fin de son adolescence.

  Bogey était un grand garçon mince, aux muscles souples et saillants ; il était fort pour son âge, doué pour capturer les veaux au lasso, pour monter les chevaux sauvages, pour dégainer et tirer plus vite que ses adversaires en concours. L’été, dans les rodéos régionaux et les foires locales du Colorado, du Wyoming et du Montana, il se mesurait à des cow-boys presque toujours plus âgés que lui. C’était un bel athlète et un cavalier hors pair ; il remporta suffisamment de prix pour pouvoir mettre de côté un petit pécule. À ces économies, il ajouta l’argent que lui rapportaient des petits boulots, lorsque son père n’avait pas besoin de lui sur le ranch.

  Durant quelques années, quand il était jeune, le père de Bogey avait poursuivi une carrière de boxeur à Denver et il avait commencé très tôt à entraîner son fils. Parfois, des forains plantaient leur chapiteau en ville et un de leurs numéros consistait à proposer des combats avec un professionnel. Un ring était monté et le boxeur se confrontait à tous les volontaires qui se présentaient ; entre le directeur du cirque et les spectateurs, les paris allaient bon train – une occasion supplémentaire d’escroquer les péquenauds du coin. Ces boxeurs sur le retour étaient généralement des hommes grands, costauds, marqués et endurcis par de nombreuses années de métier. Ils manquaient souvent de finesse et ils comptaient sur leur force pure et la puissance de leurs coups pour mettre leur adversaire K-O aussi rapidement que possible. De plus, ils connaissaient tous les coups tordus – les coups bas, le coup du lapin dans les reins, les morsures, le plomb au fond des gants. Et l’arbitre du cirque ne leur infligeait jamais de pénalités.

  Le père de Bogey s’asseyait avec son fils dans les gradins et ensemble ils regardaient deux ou trois gars du coin affronter le professionnel ; ils analysaient la performance du boxeur du cirque, identifiaient ses points forts et ses faiblesses. Puis Bogey levait la main et montait sur le ring. Les habitants de la ville, les familles venues des ranchs de la région et les cow-boys l’acclamaient, et avec force clins d’œil et sourires en coin, ils enregistraient leurs paris auprès du directeur du cirque.

  Le professionnel commençait le plus souvent par ricaner d’un air méprisant face à la jeunesse de Bogey, sa minceur, son visage enfantin, sans la moindre marque. Il en avait vu beaucoup, de ces jeunes cow-boys effrontés, monter sur le ring pour se mesurer à lui. Il paraissait éprouver une espèce de pitié pour le jeune garçon qui, le sourire aux lèvres, s’approchait au son de la cloche annonçant le premier round. Il allait boucler l’affaire rapidement, sans trop l’abîmer. Il savait qu’il pourrait facilement, d’un coup, le faire éclater en sanglots, ce qui arrivait souvent avec les jeunes gens inexpérimentés qui pensaient qu’ils étaient assez costauds pour affronter un vétéran du métier.

  Mais, lorsque le boxeur se mettait en position, Bogey adoptait le fluide jeu de jambes de danseur que son père lui avait appris et tournait autour de lui, restant juste hors de sa portée. Frustré par son incapacité à toucher du poing cette cible mouvante, le professionnel, agacé, finissait par multiplier les assauts, ce qui donnait à Bogey l’ouverture dont il avait besoin pour se rapprocher et asséner à son imposant adversaire une combinaison de coups implacables, avant de reculer en dansant. La foule l’acclamait et le sourire de la brute s’effaçait, remplacé par une expression de confusion et de colère – il avait sous-estimé ce jeune blanc-bec. Il se reprenait ; plus de pitié pour ce jeunot. Il remontait sa garde, avançait sur Bogey à grands pas, lançant des coups dont aucun ne faisait mouche, puisque le garçon restait à distance. Lorsque arrivait le moment opportun, celui où le combattant fatiguait et perdait de son assurance, Bogey se jetait sur lui ; il l’étourdissait d’un violent crochet du gauche dans la tempe, puis lui assénait le coup décisif, un uppercut du droit diablement efficace, et le boxeur professionnel s’écroulait. La foule partisane hurlait, au comble de l’enthousiasme, devant l’exploit de son jeune prodige. De fait, le précoce Bogey Lambert, qui avait commencé à affronter ces professionnels itinérants à l’âge de 15 ans, n’avait jamais été battu et les spectateurs reconnaissants lui avaient toujours donné une part généreuse de leurs gains.

  Le père de Bogey l’avait également entraîné au tir de vitesse et, quand il n’était encore qu’un jeune garçon, il lui avait donné un Colt Peacemaker.45 qui avait appartenu au grand-père de Bogey ; celui-ci avait été shérif de Medicine Bow, dans ce qui deviendrait l’État du Wyoming, et il avait perdu la vie dans une bagarre en 1876. « Si tu deviens assez bon à ça, avait dit le père de Bogey, tu n’auras jamais à t’inquiéter, jamais tu ne mourras comme ton grand-père. » Même si l’art du tir de vitesse était un peu tombé en désuétude depuis que le Grand Ouest avait été conquis, des concours étaient encore organisés à l’occasion des foires dans la région ; à ceci près que les concurrents tiraient sur des cibles et non plus sur d’autres hommes. Comme dans la plupart des activités qu’il entreprenait, Bogey montrait là aussi un certain talent et il remporta également quelques sommes d’argent dans ces concours. Il se persuada ainsi qu’il avait, en dehors de ce que lui rapporterait la vente de son cheval adoré, Crazy Horse, un pécule suffisant pour aller jusqu’en France.

  Après une chevauchée de quelques heures, Bogey s’arrêta au bord d’une rivière, qui était encore grosse et boueuse de la fonte des neiges printanières, il sortit de sa sacoche de selle le sac en papier que lui avait donné sa mère. À côté du sandwich et du morceau de tarte à la rhubarbe, il trouva une petite bourse en cuir, qui contenait une épaisse liasse de petites coupures. Il les compta et parvint à un total de 133 dollars, ce qui lui parut être un montant colossal. Sa mère était la maîtresse de la classe unique de l’école et il savait qu’il s’agissait d’argent qu’elle avait mis de côté, année après année, et qu’elle avait prélevé sur son maigre salaire, « une poire pour la soif », comme elle disait. À l’idée qu’elle lui avait donné les économies de toute une vie pour qu’il puisse réaliser ses rêves insensés, alors qu’elle ne les approuvait pas, Bogey se remit à pleurer. Il se demanda s’il ne valait pas mieux, tout simplement, faire demi-tour et rentrer au ranch ; ses parents seraient si heureux de le voir, si contents qu’il revienne.

  Assis sur la berge de la rivière, il mangea son sandwich et son morceau de tarte. À côté de lui, Crazy Horse broutait les nouvelles pousses d’une tendre herbe verte. Lorsque Bogey finit son déjeuner, il remonta en selle et, pendant un long moment, resta immobile. Il était si sûr de lui, ce matin, lorsqu’il était parti. Mais maintenant, il avait peur, il voulait seulement rentrer à la maison. Il se rendit compte qu’il n’était pas vraiment un dur, comme il le pens
ait, et il savait que la décision qu’il allait prendre, quelle qu’elle soit, changerait inéluctablement le cours de sa vie, qu’il serait ensuite impossible de revenir en arrière. Alors il resta là, assis sur le dos de Crazy Horse, pendant un très long moment, à réfléchir.

  Finalement, il hocha brièvement la tête et remonta le col de son long manteau en coton huilé ; l’air était encore frais en altitude à cette époque de l’année. Il fit reprendre à Crazy Horse la direction du sud, vers le col entre Medicine Bow et Never Summer Mountains, par lequel il descendrait jusqu’à Fort Collins et, de là, il pourrait rejoindre Denver. La neige n’avait pas encore fondu sur les plus hauts sommets des montagnes, mais en contrebas les pentes commençaient à verdoyer. Bogey savait qu’il se passerait peut-être beaucoup de temps avant qu’il ne revoie son pays et il essaya de s’imprégner de l’immensité grandiose du paysage, de la graver dans sa mémoire pour pouvoir l’emporter avec lui partout où il irait, pour qu’elle l’accompagne tout au long des événements qui l’attendaient. Il poursuivit son chemin vers le col. Il ne verserait plus une larme.

  III

  Bogey descendit vers les parcs à bestiaux à l’est de Denver pour inscrire Crazy Horse aux prochaines enchères, mais il finit par conclure qu’il lui serait insupportable de se séparer de lui. Son cheval était tout ce qui lui restait de sa vie au ranch et il décida qu’il traverserait le pays jusqu’à New York sur son dos – un voyage de plus de trois mille kilomètres, qui lui prendrait quatre-vingt-trois jours et nécessiterait dix ferrures pour Crazy Horse. Au cours de la première partie de ce long trajet, Bogey trouva un certain réconfort à suivre la North Platte River à travers le Nebraska, parce qu’elle prenait sa source dans les montagnes de son pays natal, et il s’imaginait, en chevauchant, qu’il était un des éléments naturels de l’eau qui coulait à ses côtés, elle venait du même endroit, elle allait dans la même direction, vers la mer.

  Bogey n’avait jamais auparavant quitté l’ouest des États-Unis et, à mesure qu’il progressait vers l’est, les montagnes s’éloignaient, jusqu’au moment où, lorsqu’il se retourna sur sa selle pour leur jeter un dernier regard, il s’aperçut qu’elles avaient disparu. Ce fut alors un long voyage solitaire à travers le cœur de l’Amérique, depuis le Nebraska, par le sud de l’Iowa, le centre de l’Illinois, l’Indiana, l’Ohio, la Virginie-Occidentale et la Pennsylvanie. Bogey évitait les villes ; il trouvait en chemin un endroit pour dormir à la belle étoile, ou acceptait l’hospitalité d’habitants accueillants dans la campagne environnante ; ils lui offraient parfois un repas chaud et un lit, ou lui permettaient, au moins, de dormir dans leur grange.

  Lorsque Bogey atteignit enfin l’État de New York à la fin du mois d’août, il se renseigna aux portes de la ville et trouva un homme qui possédait un camion et une remorque à chevaux ; celui-ci accepta de le conduire jusqu’au port à condition que Bogey lui rembourse son carburant. Là, le jeune homme espérait trouver un cargo qui les transporterait, lui et son cheval, de l’autre côté de l’océan.

  Bogey n’avait jamais vu la mer et il la trouva encore plus vaste que ce qu’il avait imaginé ; l’immensité de la ville l’intimidait aussi. Comme il était d’une nature plutôt réservée, il avait appris à garder ses réflexions pour lui, à être toujours vigilant et patient. Il était ainsi capable de se replier sur lui-même et de regarder cette ville étrange, grouillante et sale, sans troubler son havre de paix intérieure, avec une certaine froideur et une certaine objectivité.

  Dans une écurie sur le port, Bogey loua une stalle pour Crazy Horse et, pour lui, une chambre dans une pension voisine, qui se trouvait à côté d’une maison close fréquentée par les marins de passage. Chaque jour, il allait à la capitainerie pour consulter la liste des navires entrants et sortants affichée sur un panneau, et pour se renseigner sur ceux qui partaient à destination de la France. Il espérait trouver bientôt un moyen de faire la traversée, parce que le coût de son logement ajouté à celui de la pension de Crazy Horse allait rapidement peser. Mais les trajets et les fréquences des lignes maritimes françaises avaient été considérablement perturbés par les attaques perpétrées par les sous-marins allemands qui sillonnaient l’Atlantique. En outre, de nombreux navires-cargos et bateaux de ligne avaient été réquisitionnés par le gouvernement français au nom de l’effort de guerre. Les arrivées et les départs étaient irréguliers et peu fiables, et certains navires qui quittaient les ports d’un côté de l’océan n’arrivaient jamais à destination.

  La chambre que Bogey occupait à la pension n’était guère tranquille, à cause des activités nocturnes chez Mona, la maison de passe voisine. C’était un lieu très bruyant, fréquenté par des matelots excités qui, pendant des semaines, voire des mois, avaient été privés de la compagnie des femmes. À toute heure, on pouvait entendre une musique entraînante ; on buvait, on dansait, on riait et on braillait, on baisait et on se battait.

  Pendant l’été de sa quinzième année, alors que Bogey participait à un rodéo à Cheyenne, certains de ses amis plus âgés l’avaient emmené dans un lieu similaire. À la différence près que les clients étaient des marins et non pas des cow-boys, et que les plaines du Wyoming étaient remplacées par l’océan à New York, l’endroit était le même. Bogey était encore puceau à cette époque-là ; ses amis cow-boys l’avaient compris d’instinct et ils n’avaient cessé de le taquiner sur ce sujet. Mais les filles du bordel l’aimaient bien parce qu’il les traitait avec respect et même une certaine considération ; en plus, il était joli garçon, doux, tendre et curieux lorsqu’il explorait leur corps, découvrant le sien, par la même occasion, et les innombrables plaisirs de l’érotisme.

  Chaque matin, après être allé à la capitainerie voir la liste des bateaux, Bogey se rendait aux écuries et faisait avec Crazy Horse une promenade sur les quais et dans la campagne. Lors de ces sorties, il passait souvent à côté de sa pension. La maison de Mona était calme à cette heure-là – enfin. La plupart des filles étaient encore endormies ou à peine levées ; certaines étaient réveillées par le claquement des sabots sur les pavés et, lorsqu’elles regardaient par la fenêtre, elles avaient une impression assez favorable du beau et jeune cow-boy sur son cheval. Il en avait autant à leur égard.

  Un matin, une jeune femme sortit par la porte de derrière et lui fit signe au moment où il passait. Elle était jolie, sa chevelure était d’un magnifique blond vénitien et son corps très menu. Bogey se dit qu’elle devait avoir à peu près son âge. Il s’arrêta et effleura le bord de son chapeau. « Mes hommages, mademoiselle. »

  Ses manières de cow-boy firent sourire la jeune fille.

  « Ma mère aimerait savoir si vous voulez entrer pour manger un morceau et boire une tasse de café avec nous, demanda-t-elle.

  – C’est très gentil, mademoiselle, répondit Bogey. Puis-je vous demander qui est votre mère ?

  – Mona, la propriétaire, dit la jeune fille. Je m’appelle Lola. Quel est votre nom, cow-boy ?

  – Bogart Lambert, mais d’habitude, on m’appelle “Bogey”. »

  Elle sourit.

  « D’accord pour Bogey, dit-elle. De toute manière, ici, on ne s’appelle que par nos prénoms. »

  Bogey hocha la tête. Sa brève expérience à Cheyenne lui avait appris que, dans les maisons de passe, on observait une certaine étiquette. Il descendit de cheval, attacha Crazy Horse et suivit Lola qui entra dans la maison. Cinq autres filles, plus ou moins dévêtues, et le visage encore marqué par le sommeil, étaient assises autour de la table de la cuisine et buvaient du café. Une femme robuste, à la croupe imposante, Mona en personne, était debout devant les fourneaux et préparait des œufs au bacon. Elle se retourna en s’essuyant les mains sur son tablier lorsque la jeune fille et Bogey entrèrent. Il ôta son chapeau de cow-boy.

  « Puis-je vous offrir un petit déjeuner, jeune homme ? demanda-t-elle.

  – Je l’ai pris il y a déjà quelques heures, madame, répondit Bogey. Mais je serais heureux de manger un peu de ce que vous me s
ervirez, cela me tiendra lieu de déjeuner. »

  Pendant ces mois sur la route, Bogey avait appris à ne jamais refuser un repas qu’on lui offrait.

  Mona rit.

  « Qu’il vous tienne lieu de ce que vous voudrez, jeune homme, dit-elle, en retournant à ses poêles. Asseyez-vous, mettez-vous à l’aise. Lola, sers donc à ce jeune homme une tasse de café. »

  Les filles lui firent de la place à la table et Bogey s’assit. Il sourit et parcourut les convives du regard, en proie à l’inévitable frisson d’excitation sexuelle que peut éprouver un adolescent. Toutes ces filles, se dit-il avec ravissement. Toutes l’observaient d’un air curieux, un peu amusé.

  « Je m’appelle Honey, dit l’une.

  – Moi, Clara, dit une autre.

  – Ginger.

  – Violet.

  – Nellie.

  – Les filles, il s’appelle Bogey, dit Lola avec un petit rire taquin. Vous voyez, comme le Bogeyman1.

  – Vous pouvez aussi m’appeler Bogart, dit-il. C’est mon vrai nom. Ravi de vous rencontrer, mesdemoiselles.

  – C’est un nom très surprenant, Bogart, fit Mona.

  – C’est un vieux nom français, madame, dit Bogey avec fierté. Un nom de famille.

  – On reçoit un nombre considérable de clients français quand leurs bateaux jettent l’ancre. Pour ma part, j’ai toujours aimé les Français. Ils sont plus romantiques que les Allemands, les Suédois ou les Américains, et ils traitent mieux les filles que les Italiens et les Espagnols. Dans ce métier, on apprécie les gentlemen, Bogart. Au fait, appelez-moi Mona.

  – Oui, madame. Enfin… oui, Mona.

  – Je vous observe depuis que vous êtes arrivé dans le quartier, dit-elle en préparant les assiettes. Je vois, à la manière dont vous vous comportez, que vous êtes un jeune homme fiable et un gentleman. J’imagine que vous attendez un bateau ; d’ici votre départ, je suis prête à vous offrir un emploi, si le cœur vous en dit.